Son histoire bien avant l'AÉROSPATIALE.

Mon oncle Antonin SYLVESTRE naquit à BRAM commune de l'Aude le 13/02/1903. Après sa réussite à son certificat d'études en 1915, en pleine guerre 14/18 il quitta la ferme familiale, afin de trouver du travail, sa mère restant seule, son père étant mobilisé au front. Il commença sa vie d'apprenti chez un ferblantier, fabricant de boites de conserves, installé prés d'une société faisant de la conserve de tomates, puis après il travailla à la fabrication de seaux, bassines et récipients en zinc dans la commune de Bram. Cela dés l'âge de 13 ans, et c'est ainsi que la vie le lança dans la spécialité de chaudronnier.

Arrivant à Toulouse en janvier 1922, il commença comme chaudronnier chez un carrossier, qui faisait des ailes et des panneaux d'autobus et d'autocar. Trois mois après, il entra aux Établissements TRICHET situés Bd Riquet, (sous traitant de Dewoitine), et commença à travailler sur les D1-C1. Mais comme la fabrication ne comportait que 2 prototypes à réaliser, il quitta cette société pour entrer aux Usines Latécoère de Montaudran en 1922 avec Elie TAURIAC. employé à la piste, pour faire du montage de capots et de radiateurs sur les avions Bréguet 14A2 de la ligne France Maroc, ainsi que le dépannage de divers avions pris par a société Latécoère en maintenance.

Quelques 9 mois plus tard, sachant qu'il y avait de l'embauche chez Dewoitine, il se présenta en 1923 et fut embauché aux Constructions Aéronautiques Dewoitine Avenue Pasteur, cela quelque temps avant d'être incorporé dans le 39eme régiment d'Aviation C.O.A de l'armée du Levant en Syrie en mai 1924 (LIBAN actuel) au camp de RAYAK, prés de BEYROUTH. C'était la suite logique de son expérience et de ses connaissances sur les avions.

Je possède de nombreuses cartes postales de ce temps là, gardées précieusement ainsi que des documents sur ces visites à Jérusalem, avec notamment un document certifié après sa visite au St SEPULCRE ( Tombeau du Christ).

Après sa démobilisation du service militaire, il fut embauché aux Établissements Dewoitine avenue Pasteur ( actuellement Bd Jean Dagnaux ) le 29 septembre 1925 comme chaudronnier, et resta ainsi à Toulouse jusqu'au difficultés financières de la société, difficultés, qui réduisirent l'usine de l'avenue Pasteur à 28 personnes en février 1927.

Répondant à une demande du gouvernement Helvétique, mon oncle accompagné de 3 autres personnes suivirent DEWOITINE en Suisse en mars 1927 aux Ateliers Fédéraux de Construction de THOUNE afin d'assurer une commande passée aux Établissements DEWOITINE, par le gouvernement Helvétique, ( Sur le passeport est écrit: montage des avions de chasse Dewoitine) pour réaliser des D9, D19, D31, et c'est à ce moment là que sortirent les plans du D27 piloté par M.DORET en juin 1928.

Pour l'histoire M.Vautier ( Directeur du Bureau d'Études) de l'usine située à CHATILON, vint chercher mon oncle à Toulouse, pour aller chez "Avion HANRIOT" à Carrière sur Seine, cette société avait pris la suite de DEWOITINE, et notamment les commandes faites par des gouvernements étrangers (SUISSE, TURQUIE, ARGENTINE).

En effet les contrôleurs de fabrication Helvétiques, n'acceptaient pas les fuselages faits à Paris, car ils avaient vu les fuselages tollés par mon oncle à Toulouse, et voulaient absolument qu'il s'occupe de cela.

Au début de 1929 il se fit domicilier en Yougoslavie à ZENOUN toujours pour Dewoitine afin d'assurer le montage et la préparation de 3 avions destinés à une compétition, qui obligeait la fabrication et le montage des avions dans le pays organisateur de cette course "La course de la petite entente des États Balkaniques". M.Doret comme pilote d'essais complétait cette équipe. Mon oncle me racontait que M.Doret aimait manger au restaurant d'entreprise avec lui, plus tôt que d'être avec les personnalités, et officiers. ( Les traîneurs de sabre, comme il aimait les appeler...)

Fin août 1929,il rentra en France et repris son activité au sein de la société Dewoitine Avenue Pasteur le 7 septembre 1929.

Ami de LE BRIX, DORET et MESMIN ( ces 2 derniers étaient avec lui en Yougoslavie) il fut touché par la catastrophe aérienne du "Trait d'Union" qui en 1931 s'écrasa dans l'Oural, et dont seul Doret en sortit indemne grâce à son parachute.

Fidèle ami d'E.Dewoitine, il lui vouait une grande admiration. Quand en fin 1936 Dewoitine fut mis en minorité au sein du groupe SAF:( Société Aéronautique Française), suite à un différent avec une société du groupe LIORE et OLIVIER, Dewoitine donne sa démission, mais la SAF nationalisée devient la SNACAM ( Société Nationale de Construction Aéronautique du Midi).

En 1936, il rencontra M.BEDOUCE Ministre des finances de Léon BLUM, afin d'obtenir des subventions pour ériger une usine conséquente à la fabrication des avions sur TOULOUSE. C'est ainsi que l'argent fut débloqué et que se construisit l'Usine de St ELOI ( Ateliers 50 et 51)

Le gouvernement ne voulait pas d'usine nationalisée à Toulouse sans grand patron., LATÉCOÈRE ayant refusé de se faire nationaliser., aussi cherchant ensuite un Administrateur, mon oncle ardent syndicaliste, et participant aux négociations avec le gouvernement français de Léon BLUM, proposa le nom d'E.Dewoitine, qui tout naturellement fut élu. C'était le 4 mars 1937.

En 1939, le personnel décida de travailler un dimanche matin sur 2, voulant ainsi accélérer le montage et la fabrication des D520, ( principal concurrent et rival des Messerschmitt Allemands ). Un dimanche matin, il fut arrêté chez lui par la gendarmerie, et se retrouva avec d'autres collègues défendant la cause ouvrière emmené et interné au camps de CAYLUS (82) et désigné avec ses camarades comme SABOTEURS dans les Usines. Ses idées politiques, son attachement à E.Dewoitine, sa défense des ouvriers, et la vue qu'il avait sur la montée du fascisme ne plurent pas à tout le monde.

Il resta ainsi interné au camps de CAYLUS jusqu'à l'armistice de Juin 1940. Il rentra à Toulouse, mais ne put retrouver son ancien poste de travail, ayant été comme d'autres personnes accusé à tord de mille maux. Il entra dans la Société NEOCAR, située au Quai de Tounis à TOULOUSE, cette société, crée par M.JULIEN, ancien de chez Citroën, réalisait des voitures à pédales. Il y retrouva certains compagnons du syndicat des métaux, comme M.LLABRES et NICOLAS.

C'est à la fin de la guerre en 1945, en pleine reconstruction de l'industrie aéronautique de Toulouse, que l'on vint rechercher mon oncle pour prendre un poste de Chef d'équipe, et ensuite de Contremaître, qu'il ne quitta qu'à la retraite.

Mon oncle Chef d'équipe en 1938 puis contremaître à l'Usine St Eloi était un homme apprécié par tous ses compagnons, il a laissé une trace importante de ses années au service de l'aéronautique à Toulouse, il travailla ainsi jusqu'en Août 1966, après plus de 40 années passées dans cette société.

Il fit parti du conseil d'administration du centre de Formation Professionnel "GUYNEMER" à Toulouse, en 1947, et fut ensuite invité aux promotions de l'Ecole Technique SUD-AVIATION, pour naturellement la promotion Marcel DORET en 1969, comme celle de Maurice NOGUES en 1972.

En 1989, quelques mois avant que mon oncle décède, l'Aérospatiale par l'intermédiaire de M.KELLER chargé de la communication et des Relation Externes, le rencontra, et arriva à le décider, lui qui n'aimait pas les honneurs, à raconter son histoire et celle qui donna vie à l'Aérospatiale au travers de Dewoitine, la SNCASE, Sud-Aviation, la SNIAS etc...Filmé durant plusieurs jours, vous pouvez le voir se raconter à l'AEROTHEQUE de l'Aérospatiale.

(Usine St Eloi) Rue Montmorency à Toulouse.

Écrire toutes les anecdotes ou histoires que me racontait mon oncle serait trop long.

Après la disgrâce du gouvernement de Vichy, l'exode en argentine et la guerre39/45, E.Dewoitine vint à Toulouse en 1967 visiter les ateliers de St Eloi avec une délégation étrangère. A cette occasion, il demanda si mon oncle SYLVESTRE était là, et à la vue de son fidèle compagnon d'armes, il lui donna l'accolade.

Je possède la facture d'un marteau que mon oncle avait créé afin de faciliter les travaux de chaudronnerie, marteau qui a l'heure actuelle sert toujours aux chaudronniers de l'Aérospatiale. (Marteau à planer le Duralumin,) à deux têtes rondes 40m/m, 1 tête plate, 1 tête demi bombée, longueur totale 110m/m. Poids 600 grammes.)

Facture faite le 18/12/1923 pour 8 francs 20cts . Marteau réalisé par les Établissements WALLACH Frères Avenue de la République à Paris. A noter que mon oncle habitait l'Hôtel du Grand Balcon Place du Capitole, ou descendaient tous les pilotes.

Il faut savoir qu'après avoir travaillé 40 ans dans l'Aéronautique, et avoir fabriqué tous les avions jusqu'au proto de Concorde, mon oncle n'a jamais pris l'avion.

Tout cela m'a été raconté à maintes reprise par mon oncle, notamment peu de temps avant son décès.

Mon père Antonin LUCIEN, beau frère de mon oncle Antonin SYLVESTRE entra comme chaudronnier en juillet 1936 à l'âge de 15 ans chez Dewoitine. Il restera 42 ans à l'usine St Eloi de Toulouse. Sa pleine maîtrise du travail de chaudronnier lui permis de faire des travaux précis sur des pièces de Caravelle, Mirage IV, et Concorde, après tous les avions Dewoitine et autres qu'il a connu. Mon père pris sa retraite en 1978, étant l'employé le plus ancien de l'Aérospatiale. Il fut un des rares compagnons à être invité aux cinquante ans de l'Aérospatiale, comme ancien d'E.Dewoitine. Mon père, a ainsi passé plus de 42 ans dans cette Société, de 1935 à 1978, et est actuellement un des derniers de "DEWOITINE", certains de ses petits carnets personnels, racontent son travail sur le montage du D520.

Les infos écrites en vert vous renvoient vers les documents et photos cités. 

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